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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/341

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blancheur, avaient, dans leur admiration, abandonné leurs danses ordinaires. Pendant qu’Hylas est légèrement penché en avant, elles l’entraînent sans peine ; il tombe avec bruit au fond des eaux. Hercule de loin l’appelle, et demande, puis demande encore une réponse ; mais de la source lointaine les vents lui apportent un… nom[1].


Des sentiments d’Hylas pour les nymphes, ici, comme chez Apollonius, pas un seul mot.


La partie du sujet que Properce, après Apollonius, avait complètement négligée et à laquelle Théocrite avait à peine touchée est, au contraire, celle qui a séduit André Chénier. Aussi son idylle, malgré quelques emprunts discrets à ses devanciers, est-elle tout à fait originale. Le principal personnage y est, non plus Hercule, ni la nymphe, mais Hylas, et le poète y reprend l’un des sujets qu’il a traités avec le plus de complaisance, de grâce et de volupté : le premier éveil de l’amour dans un jeune cœur qui l’ignorait. Son Hylas se rapproche ainsi de son Jeune Malade, de son Oaristys, de sa Lydé surtout, où l’on voit, comme ici, un jeune homme ingénu initié aux joies de l’amour par une jeune femme moins ignorante que lui-même. Et ici, comme dans le Jeune Malade, l’éveil de l’amour est facilité par les séductions d’un paysage voluptueux qui, à son insu, émeut les sens de l’adolescent. Cette excitation sensuelle est l’œuvre des nymphes : ce sont elles qui pour attirer Hylas jusqu’à leur demeure, puis pour le


  1. Traduction Valatour.