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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/371

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Titans, qu’il faut chanter : Hypérion, Atlas, Prométhée surtout, le ravisseur du feu, l’ami des hommes. Ceux-là furent sages. Leur culte, d’ailleurs, survit au fond des cœurs. — Et Niobé annonce qu’un jour viendra où Zeus s’évanouira dans la nuit et verra le feu sacré mourir sur ses autels: ce jour-là, les dieux déshérités sortiront du Tartare. Aussi, dans une apostrophe éloquente (où Leconte de Lisle, si tendre en général pour la mythologie grecque, en signale vigoureusement l’immoralité et les puérilités), Niobé brave-t-elle Zeus, lui, et son amante Léto, et les enfants de leur impure union : cet Apollon qui a usurpé le char d’Hypérion, cette Artémis imposée comme souveraine aux paisibles forêts. Elle défie leurs risibles colères. Elle appelle sur elle leurs traits funestes aux cerfs des bois.

L’appel blasphématoire est entendu : la voûte du palais s’entr’ouvre, les lambris tombent sur la table, les convives s’enfuient épouvantés. Apollon et Artémis sont là, l’arc tendu, et ils massacrent les enfants de Niobé dans la salle du festin, comme Ulysse fait des prétendants au XXIIIe chant de l’Odyssée. Fils et filles tombent pêle-mêle. (Puisqu’ils étaient tous groupés autour de la mère, le poète ne pouvait, à l’exemple d’Ovide, faire mourir les fils avant les filles ; et, dans le cours de son récit, il s’est piqué de ne pas copier Ovide ; il ne lui a emprunté qu’un seul détail, celui des deux enfants percés de la même flèche ; encore ne sont-ce pas les mêmes personnages qui chez lui sont victimes de ce coup double.)

Quand toute leur famille est éteinte, Amphion se tue et Niobé devient marbre. Alors le poète, songeant moins au