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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/375

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lion, écoute son jeune élève Achille qui joue de la lyre. Khirôn n’a jamais vu cet étranger ; mais, étant prophète, il le reconnaît : c’est Orphée, et il commande à Achille de laver pieusement les pieds sacrés de l’hôte le plus illustre dont la présence ait jamais honoré son antre sauvage. Orphée salue à son tour le divin vieillard et il lui dit l’objet de sa mission.

Un dieu a ravi aux Minyens la Toison d’or et l’a suspendue à Kolkos dans le temple d’Ares. Un dragon veille sur ce trésor, gardien incorruptible. Pour arracher au monstre sa proie précieuse, cinquante rois se sont assemblés, et Orphée, (qui vient de résumer l’histoire de l’enlèvement de la Toison d’après l’Argonauticôn hypothesis, c’est-à-dire d’après la notice mise en tête du poème d’Apollonius par son scholiaste), nomme les plus fameux de ces héros (dans une page d’un tour épique où est abrégé le dénombrement des guerriers que fait l’auteur des Argonautiques).

Ces rois belliqueux ont besoin d’un chef et ils demandent à Khirôn de les commander. Mais le centaure refuse cet honneur, car son temps est fini. Il s’expliquera plus longuement tout à l’heure après le repas. En effet, après le repas, préparé et servi par Achille d’après toutes les règles prescrites par les archéologues, Khirôn prend la parole. Il raconte sa vie, et, comme elle a commencé après le déluge, en la. racontant, il fait défiler sous nos yeux toute la préhistoire de la Grèce.

On voit dès lors le vrai sujet du poème de Khirôn. C’est l’histoire des plus lointaines origines de la civilisation grecque ; c’est l’histoire des Grecs depuis le moment où