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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/393

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Entendez-moi, Déesses…, qui habitez dans les profondeurs de la terre, au fond d’un antre obscur, auprès de l’Eau sacrée du Styx,... invisibles[1].


Filles de l’Invisible, Hôtesses des Cavernes
Où jamais n’est entrée une lueur du jour,
Dont éternellement Styx fait neuf fois le tour,
Tandis que, sur la fange et le long des Eaux ternes,
Foule vaine, les Morts fourmillent sans retour…



Entendez-moi,... vous qui jugez la vie des mortels impies et qui les châtiez inévitablement,... Reines aux yeux resplendissants[2].


Meute du noir Érèbe, ô vieilles Érinnyes,
Aux yeux caves où sont des éclairs aveuglants,
Qui d’un blême haillon serrez vos maigres flancs,
Et, l’oreille tendue au cri des agonies,
Aboyez sans relâche aux meurtriers sanglants !


Entends-moi, ô Reine… qui tues les bêtes fauves, qui hantes les forêts des montagnes, qui perces les cerfs,… sauvage, te réjouissant des chiens[3].


Déesse à l’arc d’argent tendu d’un nerf sonore,
Qui, de flèches d’airain hérissant ton carquois,
Par les monts et la plaine et l’épaisseur des bois,
Un éclair dans les yeux, déchaînes dès l’aurore
De tes chiens découplés les furieux abois !



  1. Hymnes orphiques, LXVI ; 1er hymne aux Euménides ; trad. Leconte de Lisle.
  2. Id., LXVII ; 2e hym. aux Euménides.
  3. Id., XXXV ; hymne à Artémis.