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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/394

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Le fond aussi a été bien changé.

Quelquefois le poète a mis dans ces prières antiques l’expression de son pessimisme tout moderne. Il laisse percer ce pessimisme dans l’hymne à Sélènè, à qui il demande de nous guérir, pour un instant, des maux dont notre vie est faite. Il l’étalé dans l’hymne à Nyx, dont il voudrait que le divin péplos enveloppât pour jamais, de ses plis, les vivants avec leurs chimères stériles


Et l’antique Kosmos, hélas ! où tout est vain.


Le plus souvent, dépouillant les Hymnes orphiques de toutes les idées accessoires greffées sur les vieilles fables, il s’est attaché à dégager le naturalisme qui était au fond de toute la mythologie des Grecs, principalement soucieux de montrer devant quelles forces éternellement redoutables ou bienfaisantes ils s’inclinaient dans le culte qu’ils rendaient à Apollon, à Sélènè, à Aphrodite, aux Nymphes, aux Néréides. Sous le nom d’Apollon, ce qu’ils adoraient, c’était le Porte-Lumière, l’œil de l’azur, l’astre qui, sans se lasser, rend chaque matin la vie aux cités, aux bois, à la mer sonore ; sous le nom de Sélènè, c’était la lune, qui, éveille l’essaim des songes d’or pour bercer nos ennuis et qui guide le matelot accoudé sur le bord des nefs au bec d’airain ; sous le nom des Néréides, c’étaient les fraîches haleines, qui gonflent les voiles du vaisseau jusqu’au port désiré ; sous le nom des Nymphes, c’était ce charme incomparable des eaux, des prés et des collines, qui met la double flûte aux lèvres des bergers ; sous le nom de Pan, c’était la substance de l’univers ; sous leïiom d’Aphrodite, c’était