ne l’appelle autrement que par des titres ou des périphrases : ô Roi, ô Berger du Monde, Dieu clair, libérateur des Morts :
Ne brûle point celui qui vécut sans remords,
Comme font l’oiseau noir, la fourmi, le reptile,
Ne le déchire point, ô Roi, ni ne le mords !
Mais plutôt, de ta gloire éclatante et subtile
Pénètre-le, Dieu clair, libérateur des Morts !
Voici l’heure. Ton souffle au vent, ton œil au feu !
Ô libation sainte, arrose sa poussière !
Qu’elle s’unisse à tout dans le temps et le lieu !
Toi, Portion vivante, en un corps de lumière,
Remonte et prends la forme immortelle d’un Dieu !
Le beurre frais, le pur Sôma, l’excellent miel,
Coulent pour les héros, les poètes, les sages.
Ils sont assis, parfaits, en un rêve éternel.
Va, pars ! Allume enfin ta face à leurs visages,
Et siège comme eux tous dans la splendeur du ciel !
La dernière partie de son poème a été empruntée par Leconte de Lisle à un hymne aux Pitris[1]. Les Pitris ou Pères sont-ils les mânes des ancêtres, comme on le croit généralement ? Sont-ils, comme le croit Langlois, les pères du sacrifice, c’est-à-dire, soit les inventeurs des rites, soit
les rites personnifiés ? Il n’importe ici. L’hymne qui leur
- ↑ S. VII, 1. VI, h. IX, v. 7 et v. 9-12 ; Langlois, t. IV, p. 151. Il y avait déjà pris le premier vers de sa première strophe :
« Ô trépassé, viens ici par les voies antiques où nos pères ont passé avant nous… »
Va, pars, suis le chemin antique des aïeux.