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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/57

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deux autres, de longs siècles se sont écoulés et de grands changements se sont opérés dans la pensée des Hindous. — D’abord, les commentateurs des Védas ont peu à peu réduit à l’unité le panthéon primitif sous le couvert d’un dieu, à peine connu du Rig-Véda, Prajâpati, le maître des créatures. De ce dieu, ils ont fait un être préexistant à tous les dieux : « il les contient tous et ils ne sont rien en dehors de lui[1] ». — Puis, des écoles philosophiques se sont constituées ; elles ont disserté et écrit. La plus importante, le Védanta, a prêché un nihilisme panthéiste, absolument radical. Avec elle, Prajâpati devient Brahma, et Brahma est tout ; il est le seul être existant : « l’esprit ne peut l’atteindre qu’en niant résolument toutes les qualités dont la variété constitue les apparences vaines du monde extérieur ; rien ne le limite, rien ne le contient ; il est la fleur et l’insecte, l’arbre et l’oiseau, l’astre et le grain de sable, la terre et le ciel ; il est toi, il est moi ;… pour le Védanta, l’âme individuelle n’est qu’une illusion entre toutes celles qu’éparpille autour de soi, Brahma, le seul vivant[2]. » —

Puis, vers le vie siècle avant notre ère, un philosophe surnommé le Buddha, c’est-à-dire l’Inspiré, a prêché une religion nouvelle, religion sans rites et sans dieux, qui s’occupait seulement de la souffrance humaine et ne voulait rien savoir au delà du moyen d’en guérir ; comme elle enseignait, d’ailleurs, que la seule source du mal était l’ignorance et que, l’erreur fondamentale étant la notion

  1. Henry, Les littératures de l’Inde, p. 43.
  2. Henry, p. 74.