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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/48

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roiaume de Lombardie ordena à sa volenté et le dona à un sien fil qui avoit nom Pepins.

[1]Après ces ii guerres reprist la tierce contre les Saines[2], qui estoit ausi come entrelessié. Nule guerre n’ot ainques li rois plus longue ne plus cruel, ne qui plus grevast ne travaillast le pople de France, car li Saine, qui sont cruel par nature, et qui, au tens de lors, estoient encores mescreant et contraire à nostre foi, ne tenoient pas à meffait de brisier foi ne sairement, come cil qui n’estoient de nule loi. La raison pour quoi la pais ne pooit estre gardée entre Saines et François, si estoit pour ce que la marche des ii roiaumes siet en plain forés, en aucuns lieus où il a montegnes et boscages. Là fesoient sovent arsons[3], rapines et occisions, et François qui ce ne porent plus souffrir corurent ausi sor eus, lors enpristrent à combatre apertement li un contre les autres, et fu la guerre commencié d’une part et d’autre par grant efforz qui dura xxx anz continuement à grant domache des ii parties, et plus sanz comperoison des Saines que des François. Si poist la guerre avoir esté legierement fenie, se ne fust la desloiautez des Saines, car quant li rois les avoit si desconfiz que il lor covenoit venir à merci, il ne tenoient après ne foi ne loiauté, ne

  1. Éginhard, Vita Karoli Magni, chap. vii.
  2. La guerre entre Francs et Saxons était presque continuelle. Bien que Clotaire les eût soumis en 555, Charles-Martel, Carloman, Pépin durent néanmoins lutter encore souvent contre eux. Pendant la plus grande partie de son règne, Charlemagnefut également occupé à dompter ces peuplades. Voir L. Halphen, la Conquête de la Saxe, dans Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 145-218.
  3. Arsons, incendies.