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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/165

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si très grant ost que ce fu merveille à veoir ; et estoit s’entencion de destruire la duchiée de Brebant, car il tenoit le conté de Guelre pour i des plus grans d’Alemaigne. Quant le duc de Brebant sot que si grant gent venoient sur lui, tantost assembla ce qu’il pot avoir de gent et se traist vers Lembourt, à une ville que on appelle Ouronne[1].

Quant le conte Gui de Flandres[2] vit les grans assamblées des ii parties, si parla à sa femme et à la contesse de Hainaut, lesquelles soustenoient de corps et d’avoir leurs freres, et eust moult volentiers traité de pais, car moult faisoient leurs freres par leur conseil. Et les contesses respondirent au conte : « Sire, pour Dieu ne vous en mellés, encore n’est-il mie temps de parler de la pais ; ne encores ne sont pas feves meures. » Et le conte n’en parla plus. Si aprochierent les ii oz qui haioient l’un l’autre de mortel haine. Quant les batailles furent rengiées les unes contre les autres, le conte de Guelre commanda à ses banieres qu’il alassent avant, et le duc de Brebant si fist les siennes aussi aler avant. Ilec commença la bataille fort et crueuse, et dura grant piece. Mais à i poindre que le conte de Luxembourt fist, fu abatu de son cheval et ilec fu tué. Combien que le conte de Guelre eust plus de gent assez que le duc de Brebant n’avoit, ainsi comme Dieu le voult, se torna la desconfiture sus lui, et furent les iii filz de Luxembourc[3] mors en la bataille

  1. Ouronne, latin Eurona. Woeringen, sur les bords du Rhin, entre Cologne et Düsseldorf.
  2. Gui de Flandre est Gui de Dampierre, fils de Guillaume de Dampierre et de Marguerite de Flandre (1280-1305).
  3. Ces trois fils de Luxembourg étaient des fils de Henri III ;