Aller au contenu

Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toient en l’ost des François, tant à cheval comme à pié, à par i pou iim haubers avec le conte de Saint Pol[1] et le conte de Bouloigne[2], et Loys[3] filz Robert de Clermont, pristrent la fuite très laide et très honteuse, laissanz le conte d’Artois et honnorables et nobles batailleurs, Diex quel dommage et quel doleur ! es mains des vilains estre detrenchiez mors et acraventiez. Desquiex la fuie non esperée voians les Flamens adversaires, lors pour ce leurs courages enforciez reculerent[4] et qui par i pou vaincuz s’en vouloient fuir, requeranz et venanz aus tentes des fuiant, trestout ravirent et pristrent. Et adecertes ilec avoit grant copie d’armes et grant appareil batailleur, par lesquielz les Flamen enrichiz et des corps occis, quant il les orent touz desnuez de leurs armes et de leurs vestures, et la bataille du tout en tout vaincue, a grant joie à Bruges s’en revindrent. Et ainsi a grant doleur, touz les corps desnuez et tant de nobles hommes demouranz en la place du champ, comme il ne fust qui les baillast à sepulture, les charoignes[5] de eulz, les bestes des champs, les chiens et les oysiaux mengierent. Laquelle chose, en derision et escharnissement et moquerie tourna au roy de France, et à tout le linage des mors en reproche perpetuel en touz les jours. Et adecertes gisoient acraventez moult de nobles. Quel dommage !

  1. Gui IV, comte de Saint-Pol, qui mourut le 6 avril 1317.
  2. Robert VI, comte d’Auvergne et de Boulogne.
  3. Louis, fils de Robert de France, comte de Clermont, et de Béatrix de Bourbon, fut le premier duc de Bourbon et mourut vers la fin de janvier 1342 (n. st.).
  4. Reculerent pour recuillierent : rassemblèrent.
  5. Bibl. nat., ms. fr. 17270.