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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/101

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noit ledit gouvernement, lequel estoit cousin germain du roy Karle et filz de monseigneur Charle de France, jadis conte de Valois, secont frere germain de pere et de mere du roy Phelippe le Bel. Lequel Phelippe ot le gouvernement du royaume depuis la mort dudit roy Karle, jusques au venredy aouré[1] que la dite royne Jehanne enfanta une fille. Et pour ce que fille ne herite pas au royaume, li vint le dit royaume et en fu coronné par raison, combien que le roy d’Angleterre, et autres ennemis du royaume, tenissent contre raisonnable oppinion, que le royaume appartenist miex audit Anglois comme neveu du roy Karle, filz de sa suer que audit roy Phelippe qui ne li estoit que cousin germain[2].

    messire Charles, conte de Valois, devoit venir le gouvernement du royaume de France, comme au plus prochain par ligne de masle. Et lors fu appellé regent du royaume de France et de Navarre, et receut les hommages du royaume de France et non pas de Navarre quar Loys, conte d’Evreux, à cause de sa femme, fille du roy Loys Hutin, ainsné filz de Phelippe le Bel, disoit à lui apartenir ledit royaume de Navarre pour la cause de la mere de sa femme, laquelle avoit esté femme de Phelippe le Bel. Mais la royne Jehanne de Bourgoigne disoit le contraire, et que à sa fille, femme du duc de Bourgoingne, devoit apartenir, quar son pere estoit vestu de tous les drois dudit royaume quant il mourut. Semblablement la royne Jehanne d’Evreux disoit que à sa fille devoit apartenir par plus fort raison. Et là ot mout grant altercacion d’une partie contre l’autre ; et demoura ainsi une pièce la chose en suspens. »

  1. 1er avril 1328.
  2. Voir, dans le Moyen âge, 2e série, t. XXIII (1921), p. 218 à 222, Jules Viard, Philippe VI de Valois, la succession au trône ; dans Bibl. de l’Éc. des chartes, t. XCV (1934), p. 259 et suiv., Philippe VI de Valois, début du règne, et Eugène Déprez, La papauté, la France et l’Angleterre, p. 27 à 37 ; La succession au trône de France.