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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/201

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touz que l’endemain chascun s’appareillast à la bataille ; laquelle dilacion et lequel conseil tourna à très grant domage et déshonneur au roy et à tout le royaume. Car quant le roy d’Angleterre sceut la puissance du roy de France, il se départi environ mienuit et se retrai en l’Empire[1] ; et ainsi fu le roy de France Phelippe defraudé, dont il fu moult corroucié et s’en retourna en France sanz rien faire[2].

Et assez tost après se commencierent les Flamens à rebeller, et par especial ceus de Gant. Et à l’enortement de Jaque d’Artevelle, il firent hommage au roy d’Angleterre comme roy de France[3], et laissierent leur droit seigneur, comme faux et traistres qu’il estoient. Quant le roy d’Angleterre qui nouvellement, n’avoit guéres, estoit venu à l’Escluse en Flandres, sceut l’entencion et la volenté que les Flamens avoient à lui, si s’ordena de passer en Angleterre pour avoir or et argent de ses sougiez, afin qu’il peust assambler i grant ost pour estre en l’aide des Flamens contre le roy de France[4].

  1. Édouard III décampa dans la nuit du 23 au 24 octobre, revint à Bruxelles, puis se retira à Anvers (Jean le Bel, éd. Viard et Déprez, p. 166, note 2).
  2. Philippe VI de Buironfosse gagna Saint-Quentin où on le trouve du 24 au 28 octobre, puis rentra à Paris et au Bois de Vincennes où il séjourna à partir du 16 novembre (Itinéraire, p. 65).
  3. Édouard III fut reconnu solennellement comme roi de France, à Gand, le 26 janvier 1340 (Bulletin de la Commission royale d’histoire de Belgique, 5e série, t. VII (1897, p. 30), et Jean le Bel, t. I, p. 167-168. Cf. Henry Stephen Lucas, The Low countries and the Hundred years’ war (1326-1347), p. 364-365).
  4. Édouard III revint en Angleterre le 21 février 1340 (Déprez, op. cit., p. 287).