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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/284

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devoient veillier et guettier par nuit en l’ost du duc de Bretaigne li avoient fait voie.

En celui an, fu le temps d’esté si froit, si moiste et si pluvieux, que blés, avoines, orges et prés et autres biens qui estoient es champs ne porent venir à meurté et à paine porent estre cueilliz, ainçois en fu laissié grant quantité perdre parmi les champs ; les vins aussi et autres fruiz des arbres furent moult vers et aigres.

Ou moys de septembre, le xvii jour, André[1], filz du roy de Hongrie, cousin germain du roy de France et successeur de Robert roy de Cecille, à heure qu’il aloit à son lit pour dormir et reposer, et après qu’il fu despeulliez de ses vestemens et qu’il vouloit entrer ou lit, ses propres chambellens qui estoient deputez à garder son corps et sa chambre, l’estranglerent a cordes dures et rudes. Et après sa mort, fu son corps porté à la cité de Naples et yleques ensepulturé sanz grant sollempnité et sanz ce que nulz des royaulz ne de son linage y fussent presens.

[2]Guillaume conte de Haynau, neveu du roy de France, ou moys d’octembre, environ la saint Denis, li aveques son oncle, monseigneur Jehan de Haynau, chevalier, et a grant compaignie de nobles s’en ala en Frise dont il se disoit estre roy et seigneur, afin que il la peust conquerre a force d’armes. Mais pour ce que les Fri-

  1. André, fils puîné de Charobert, roi de Hongrie, avait épousé, le 26 septembre 1333, Jeanne, petite-fille et héritière de Robert dit le Sage et le Bon, roi de Naples. D’après l’Art de vérifier les dates, éd. in-8o, t. XVIII, p. 324-325, il aurait été tué le 18 septembre 1345.
  2. Chronique de Richard Lescot, p. 68, § 167. Cf. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, t. II, p. 195.