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Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/329

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ne diroit celle parolle l’un à l’autre assez bas, qu’il le tuassent se il peussent. Quant ces choses furent par lui ainsi ordenées, si se departi environ mienuit et s’en vint par autre voie que l’en ne cuidoit à la Roche Deryan. Et pour ce, l’ost qui estoit en la Place Vert devant ditte, s’estoit appareillié à combatre vertueusement encontre ledit messire Thomas Dagorn. Mais ledit messire Thomas sceut par aventure comment il estoient fors ; si se tourna vers l’ost du duc. Et le duc et sa compaignie cuidoient qu’il s’en alast de l’autre part et ne se gardoient pas de lui. Si s’en vint ledit messire Thomas au pont qui est appellé Aziou, sus l’yaue de Yaudi, par la grant voie qui va à la Roche Derian, près du gibet de la ville de la Roche. Celle nuit, veilloient en l’ost du duc messire Robert, ayol du seigneur de Biaumanoir, monseigneur de Derval et moult de autres seigneurs chevaliers, desquiex aucuns ne faisoient pas bien leur devoir, si comme l’en dit, car il ne veilloient pas bien.

Quant messire Thomas approucha de l’ost du duc, l’en dit qu’il savoit bien quel part le duc estoit, et là mist plusseurs charroy et plusseurs varlez ; c’est à savoir entre le moulin et la maladerie, et estoit ainsi comme entre mienuit et le point du jour, et estoit la nuit moult oscure. Adonques commencierent à crier les varlez qui estoient vers la maladerie, à une voiz très horrible un cri. Quant ceulz qui veilloient en celle partie oïrent ce cri, si vouldrent aler veoir que c’estoit. Mais il aperçurent l’ost des anemis après eulz, si se combatirent à eulz et manderent à ceulz de l’ost du duc que tantost il s’armassent. Mais avant qu’il fussent parfaitement armez, les anemis les assaillirent, et