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Page:Vibert - Pour lire en automobile, 1901.djvu/47

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deux perroquets qui, d’ailleurs, ne demandaient pas mieux. À tel point que, huit jours après, ils venaient se poser familièrement sur le mien — de poing ! Alors nous eûmes de longues conversations — sans nous comprendre bien entendu — mais pour un morceau de sucre, j’arrivai à me faire dicter lentement et méthodiquement, avec une articulation admirable, des centaines de phrases par mes deux perroquets. De la sorte, je vis qu’ils savaient plus de trois cents phrases que j’inscrivais religieusement.

Décidément mes perroquets qui, à l’examen de leurs dents et de leurs pattes, devaient avoir au moins huit cents ans, étaient bien supérieurs à un phonographe.

Une fois en possession de trois cent et onze phrases, je me mis à confectionner avec tous les mots prononcés un dictionnaire dans l’ordre alphabétique, remettant à plus tard la grammaire, lorsque je me trouverais en possession de nouveaux éléments d’information.

De la sorte, J’avais plus de quinze cents mots complètement inconnus, d’une langue absolument morte depuis des siècles et dont ces deux perroquets étaient assurément les deux derniers dépositaires.

Alors une idée géniale me traversa le cerveau ; je me mis à prononcer un mot de leur langue, en touchant les objets qui m’entouraient : arbres, eau, rochers, meubles, mes compagnons, etc., etc. ; chose admirable, les perroquets comprirent, et, avec une merveilleuse lucidité, arrivèrent à me donner le sens des quatre cinquièmes au moins des mots qu’ils prononçaient.