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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/118

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SIX ANS AUX MONTAGNES ROCHEUSES

on attendait d’ordinaire jusqu’au dernier moment, et j’ai entendu dire aux prêtres du pays : « Si c’est un Indien qui vous appelle, vous pouvez attendre une semaine ; si c’est un Irlandais vous pouvez attendre un jour ; mais si c’est un Canadien, courez bien vite ou vous arriverez trop tard. »

Quant au mariage, il n’y a pas de différence pour les catholiques entre le mariage civil et le mariage religieux ; voici comment les choses se passent : les futurs époux prennent au chef-lieu du comté ce que l’on appelle une « licence » ; de par cette licence, il leur est permis de s’adresser à qui leur plaît parmi les officiers autorisés à célébrer leur mariage civil, c’est-à-dire le juge de paix, le ministre ou le prêtre. Les jeunes gens venaient donc me trouver avec cette pièce officielle, qui donnait leur nom, leur âge, leur couleur, car dans toutes les licences une des premières notes imprimées est relative à la couleur des futurs conjoints : blanc, jaune, rouge ou noir. Ont-ils été précédemment mariés ? sont-ils divorcés ? etc., tous ces renseignements sont fournis au clerc du comté sous la foi du serment. Muni de ces informations et de cette autorité légale, je procédais à la célébration du mariage civil, immédiatement avant la messe, plus ou moins solennelle, selon les circonstances. Par la suite, je n’avais plus qu’à rédiger le certificat de mariage, que j’étais tenu, sous peine d’une forte amende, d’envoyer dans le délai de quinze jours au bureau de l’enregistrement. Grâce à Dieu, je n’eus que deux ou trois fois le désagrément très sérieux de voir des catholiques s’adresser pour leur mariage au juge de paix ou au ministre. Dans le premier cas, l’absolution de la faute commise était réservée à l’évêque ; dans le second cas, il y avait excommunication. Les époux divorcés qui voudraient reprendre