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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/119

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la vie commune, doivent aux États-Unis se marier de nouveau ; par conséquent reprendre une nouvelle licence et procéder comme s’il n’y avait pas eu de mariage entre eux.

Par suite de cette législation, il m’arriva un cas singulier. Deux jeunes gens bien et dûment mariés depuis six ans avaient malheureusement divorcé. Je m’employais depuis quelque temps à leur faire reprendre la vie conjugale, d’autant plus qu’ils avaient un enfant ; enfin un soir je les vis arriver chez moi pour m’annoncer la bonne nouvelle : ils s’étaient réconciliés et me priaient de les marier. Ils apportaient en effet une licence en règle, et comme je leur faisais remarquer que pour moi leur mariage existait toujours, ils insistèrent pour donner satisfaction à la loi. Je les avertis donc que, faisant abstraction de ma qualité de prêtre, j’allais agir exclusivement comme magistrat ; puis leur ayant fait renouveler leur consentement au point de vue civil, je rédigeai le certificat de mariage et les renvoyai heureux dans leurs pénates.

Je ne puis me dispenser de parler des écoles, complément nécessaire de l’organisation paroissiale. En Amérique, comme en Europe, les curés ont presque partout réussi à grouper des écoles libres de filles et de garçons autour de leurs églises. Je travaillai longtemps en vue de procurer cette bonne fortune à ma chère paroisse, et, m’étant adressé à la Congrégation canadienne des Sœurs de la Providence de Montréal, je me vis plus d’une fois sur le point de réussir ; mais toujours au dernier moment un obstacle survenait qui renversait toutes mes espérances. Je n’eus donc point d’école libre à Frenchtown, et dus me contenter des écoles primaires de l’État. J’en avais douze, échelonnées le long de mon territoire, et il