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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/160

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MONOGRAPHIES INDIENNES.

«  Faites attention, me dit-il, le gouvernement a l’œil sur vous.  » — Et moi de répondre : «  Il y a quelques semaines je m’égarai pendant deux jours et une nuit au milieu des neiges des hautes montagnes dites « les loups » : pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas envoyé à ma recherche  ?   »

Les Corbeaux ont eu beaucoup d’Agents  ; mais à les entendre, le meilleur de tous était le premier, le major Pease. Lorsque les provisions arrivaient, celui-ci en faisait deux tas et, appelant les Corbeaux, il leur disait : «  Les provisions sont arrivées et j’ai divisé le sucre, le café, les couvertures et toutes les autres choses en deux parts égales. L’une est pour moi parce que je suis votre Agent  ; l’autre est pour vous, prenez-la et faites-en ce que vous voudrez.  » Et de là ce dicton chez les Corbeaux : le major Pease a été le meilleur Agent parce qu’il ne nous prenait que la moitié de nos provisions.

Un jour je rencontrai le major et je le félicitai de l’estime qu’avaient pour lui les Indiens  ; et voyant que cela faisait plaisir à ce pauvre vieux, j’ajoutai : « Ils disent que vous ne preniez que la moitié de leurs provisions, dont vous faisiez deux parts égales. — Oh  ! répondit le vieux, cela ne pourrait plus se faire maintenant.  »

Quelques Corbeaux vinrent un jour me trouver et me dirent qu’ils voulaient renvoyer leur Agent parce que c’était un voleur : ils me demandaient là-dessus mon avis. Je leur recommandai de le garder et de ne pas changer, parce que, ajoutai-je, si, comme vous dites, il a tant volé, il doit à présent avoir les poches pleines  ; tandis qu’un nouvel Agent aura les poches vides et devra vous voler beaucoup pour les remplir. L’argument plut aux Corbeaux.

Le gouvernement américain réserve tous les ans plusieurs milliers de dollars pour les diverses tribus indien-