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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/162

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MONOGRAPHIES INDIENNES.

nes. Il y a quelques années, il distribuait neuf millions de dollars. Dans cette somme sont comprises toutes les dépenses, le traitement des nombreux fonctionnaires et l’entretien des Indiens. Tout compte fait, le sort de cet argent est à peu près celui d’un bœuf qu’on aurait tué à Washington, fait rôtir tout entier et expédié aux Indiens par chemin de fer. À Washington même ceux qui voient ce bœuf si bien rôti et d’un si agréable fumet, se disent entre eux : Ce bœuf destiné aux Indiens est vraiment gras et doit être excellent  ; coupons-en une tranche et goûtons-le. Et ils lui livrent un premier assaut. Le bœuf parti, pendant son long voyage, tous ceux qui peuvent l’approcher en coupent une tranche  ; de sorte qu’à son arrivée dans la Réserve toute la viande a disparu, et il ne reste plus que les cartilages et les nerfs qui relient les os. On jette cette carcasse par terre, et on invite les Indiens à venir prendre leur part  ; les malheureux accourent pour ronger les os comme des loups affamés, et se font une fête de les briser pour en sucer la moelle. De même la plus grande partie de l’argent va aux blancs et les Indiens n’ont que les restes. Voilà comment la civilisation, dans son contact avec les sauvages, aboutit à leur destruction.


V.

La médecine des sauvages et autres causes de destruction.


Tant que les sauvages sont dans l’abondance, jeunes et bien portants, ils sont heureux comme les oiseaux au printemps gazouillant dans les bosquets. Le sauvage est un être libre qui ne connaît ni ne respecte aucune loi contraire à sa volonté. Il s’abandonne à ses passions, sans réserve et sans remords. Tel est pour lui l’unique but de