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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/163

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la vie et, après l’avoir atteint, il en jouit en paix. Mais quand il devient vieux et malade, alors la scène change. Dans les plus graves maladies, il ne peut se procurer une nourriture convenable. J’ai vu des Indiens à l’article de la mort n’ayant qu’un morceau de pain très dur près de leur grabat  ; et aussi longtemps qu’ils pouvaient étendre la main et grignoter ce morceau de pain, ils conservaient l’espoir de vivre  ; mais dès que la force leur manquait, il ne leur restait qu’à s’étendre et mourir. S’ils ont de la viande fraîche ou séchée, ils la donnent aux malades plutôt que du pain  ; mais cela non plus ne convient guère à l’estomac d’un malade. On appelle les docteurs indiens ou hommes de médecine, qui bien souvent mériteraient d’être pendus, tant sont nombreux ceux qu’ils tuent par ignorance ou par malice. Ces charlatans prétendent guérir les malades en chantant, en battant du tambour, avec leur pipe, quelques herbes ou racines et toutes sortes de cérémonies aussi inefficaces que ridicules.

En 1894 j’ai écrit sur les hommes de médecine un article publié en anglais dans le «  Boston Medical and Surgical Journal  », n° du 15 décembre 1894, et dont voici la traduction :


L’homme de médecine chez les Corbeaux.


Les hommes de médecine ont une grande importance parmi les Indiens. Ils sont tout-puissants et tout le monde les regarde avec respect. Leurs secrets, mystères, incantations, etc., ne sont point connus en dehors de leur secte, liai vécu seize ans au milieu des Indiens, j’ai étudié avec grand soin leur manière de voir et de raisonner, leurs mœurs, leurs lois, leur langue et tout particulièrement les hommes de médecine. J’avais gagné leur confiance et j’étais admis à leurs opérations secrètes, tandis que tous