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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/164

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MONOGRAPHIES INDIENNES.

les autres étaient renvoyés hors de la tente avant le commencement de la séance.

Les Indiens ont la plus grande confiance dans ces hom­mes de médecine, abandonnent leurs malades entre leurs mains et les paient grassement. Parfois ils appellent deux ou trois de ces sorciers qui opèrent alternativement, jusqu’à ce qu’ils aient obtenu le résultat désiré.

Une femme me disait un jour : Mon fils est malade ; j’appellerai l’homme de médecine, je le paierai bien et mon fils guérira. Quand nous ne payons pas nos docteurs, leurs remèdes sont inefficaces ; mais quand nous les payons bien, leurs remèdes font merveille. Je suis à même de payer, car j’ai beaucoup de chevaux.

Ces docteurs acceptent volontiers ce qu’on leur offre pour leurs services ; parfois même ils prennent de force et emportent ce qu’on ne veut pas leur donner.

Un jour une pauvre femme vint à moi tout en larmes ; un serpent à sonnettes avait mordu son cheval à la jambe, et le sorcier après ses incantations avait pris tout ce que possédait la pauvresse, c’est-à-dire un dollar et une cou­verture. « Je n’ai plus de couverture, ajouta-t-elle ; mon cheval n’est pas guéri, et moi qui ne puis marcher, me voilà à pied. » Et avec un éclair d’indignation dans les yeux, elle se baisse, ramasse une poignée de poussière et la lance dans l’air en s’écriant : « C’est là tout ce qui me reste, un peu de poussière ! » Je m’efforçai de calmer la pauvre femme et j’envoyai chercher l’homme de mé­decine. Il vint presque aussitôt et je l’exhortai à rendre ce qu’il avait pris, puisque le cheval n’était pas guéri. Son remède consistait à faire des entailles au couteau dans la partie gonflée de la jambe du cheval et à l’as­perger avec une infusion de menthe.

Pour préparer un bain de vapeur, les Indiens prennent