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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/179

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c’était le même qu’on avait tué aux funérailles du chef. Je partis, et lorsque j’arrivai à ma tente, le cheval se cabra et ne voulut pas approcher. Je descendis et j’entrai dans la tente : au milieu, il y avait un feu allumé et au fond mon cadavre assis par terre, le dos appuyé contre la cloison  ; deux ou trois personnes le soutenaient, les yeux fixés dessus et à ce moment, je revins à moi.  » Tel fut le récit de Seltis.

Il est à noter que Court-Double ne dit pas s’il croyait ou non à cette histoire  ; dans tous les cas cette tradition confirme l’opinion des blancs rapportée plus haut.

«  Nous croyons, continue Court-Double, que les morts s’en vont vers les collines sablonneuses appelées « Spàtei-kiù », à une centaine de milles d’ici, vers l’Est. Cet endroit est une terre désolée, où l’herbe ne croît pas. Un jour j’allai avec trois compagnons voler des chevaux aux Assiniboins  ; la nuit nous surprit précisément en cet endroit mal famé. Il y avait là un petit monticule de terre taillé à pic, derrière lequel nous nous abritâmes contre le vent, pour y passer la nuit. Je dis à mes compagnons que j’avais grand’peur des morts, parce que nous nous trouvions sur leur territoire. Nous nous étions couchés sur le sol, quand vers minuit nous entendîmes une voix criant : « Oh !… Oh !… » Puis un homme qui parlait  ; quelques instants après, un grand nombre de personnes qui causaient et couraient çà et là, comme des enfants en train de jouer.  »


X.

Enterrés vivants.


Les sauvages portent quelquefois à la sépulture des hommes encore vivants. Chez les Corbeaux, il y avait un