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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/204

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de venin mortel. Les dents ayant pénétré dans la chair de la victime, les vésicules projettent aussitôt leur liquide, qui, une fois entré dans la circulation du sang, fait son œuvre en quelques heures. Les douleurs sont très vives et l’enflure des membres immédiate ; mais ce qui amène la mort, c’est une paralysie du cœur ; aussi est-il nécessaire de tenir cet organe en mouvement jusqu’à ce que le venin soit éliminé. Il y a plusieurs remèdes, mais le principal, c’est l’eau-de-vie ; prise en quantité suffisante, elle active la circulation, calme la souffrance et neutralise l’effet du poison.

Les serpents à sonnettes s’avancent par bonds proportionnés à leur longueur. Ils enroulent sur leur queue les deux tiers de leur corps ; le reste avec la tête se dresse au-dessus des anneaux dont ils se servent comme d’un ressort pour s’élancer sur leur proie.

Quand on voyage dans la prairie, un écart subit du cheval et le battement rapide des sonnettes annoncent la présence du serpent. Les chevaux en ont une peur extrême.

J’ai eu la chance d’en tuer au moins une quinzaine.

Voici comment je faisais : je cassais d’abord les reins du serpent à coups de pierre ; puis, lui abaissant le haut du corps avec un bâton, je lui mettais le pied sur le cou et lui tranchais la tête. On peut aussi lui briser l’échine avec un long bâton, mais il est dangereux de s’en approcher. Me trouvant un jour dans une prairie où il n’y avait ni bâtons ni pierres, j’enlevai mes bottes, je les lançai l’une après l’autre sur l’animal, et quand il fut à moitié mort, je lui coupai la tête.

Les serpents à sonnettes recherchent le voisinage des chiens de prairie. Les animaux ainsi appelés par les sauvages sont de véritables écureuils qui, au lieu de vivre sur les arbres, habitent dans des terriers. À certains en-