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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/219

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Père ; cependant je voudrais te délivrer ; ainsi abandonnée, tu ne tarderas pas à mourir. — Non, laissez-moi souffrir, ce n’est rien en comparaison de ce que méritent mes péchés, et j’offre à Dieu mes souffrances en expiation. » C’était là un acte d’amour parfait, et Dieu lui avait sûrement déjà pardonné. Le Père par ses instances obtint sa liberté ; elle se confessa et vécut dans la suite en paix avec Dieu et sa conscience.

La foi de ces sauvages est vraiment admirable. Une femme était sur le point de mourir ; le Père se rendit près d’elle pour l’administrer et s’aperçut bien vite qu’elle n’avait plus que peu d’heures à vivre. Elle ne pouvait plus prendre aucune nourriture, ni prononcer une parole ; le Père l’exhorta cependant à se confesser comme elle pourrait et fut fort étonné de l’entendre faire sa confession sans aucune hésitation, comme si elle ne ressentait aucun mal. Après l’avoir disposée à son heure dernière qui semblait imminente, le missionnaire allait se retirer, lorsqu’elle le rappela en disant : « Eh quoi ! me laisserez-vous donc mourir sans recevoir Notre-Seigneur ? » Évidemment il était impossible de lui donner la sainte communion, puisqu’elle ne pouvait rien avaler. — « La sainte communion, répondit le Père, vous la recevrez demain à l’église pendant la sainte messe. » Et il partit, laissant la malade parfaitement tranquille. Le lendemain matin lorsqu’il se rendit à l’église au son de la cloche, quel ne fut pas son étonnement de voir la mourante de la veille à genoux devant l’autel, attendant dévotement l’heure de la messe !

« Comment, dit le Père, vous ici ? — Eh quoi ! répondit ingénument l’Indienne, ne m’avez-vous pas dit hier soir de venir à l’église recevoir la sainte communion pendant la messe ? et me voici. — Mais, vous qui hier soir étiez