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Page:Victor Baudot - Au Pays des Peaux-Rouges.djvu/238

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Jusqu’alors les Cœurs d’Alêne n’avaient encore conclu aucun traité et il semble que le gouvernement ne leur avait pas envoyé ses agents. D’ailleurs, jamais les Cœurs d’Alêne n’auraient cédé un pouce de leur territoire à ces Anglo-Saxons, que malgré leur conversion au christianisme, ils détestaient comme les usurpateurs de leur pays et les oppresseurs de leur liberté. Bien plus, en 1857-58, ayant appris que quelques compagnies de l’armée nationale se disposaient à traverser leur pays, ils prirent les armes et combattirent les troupes américaines, d’abord avec succès, mais ensuite ils furent défaits, grâce aux renforts que reçurent les Blancs.

Cette guerre affligea tellement les missionnaires, après tant de fatigues pour convertir et civiliser les Cœurs d’Alêne, qu’il fut sérieusement question d’abandonner cette tribu à sa férocité native. Mais les officiers de l’armée, voyant que les missionnaires, malgré leurs efforts infructueux pour éviter la guerre, avaient du moins, par leur influence, empêché les massacres, les prièrent de continuer leur œuvre de civilisation. Ainsi encouragés, les Pères se livrèrent à leur travail apostolique avec une ardeur nouvelle ; leurs exhortations roulaient surtout sur la paix, la charité et l’amour du prochain. Les Cœurs d’Alène, presque tous catholiques, se repentirent de leurs excès, et suivant les conseils reçus oublièrent les injustices passées et dès lors vécurent en bonne harmonie avec le gouvernement et avec tous les Blancs. Il y eut bien jusqu’en 1868 quelques rixes entre les Américains et les jeunes gens de la tribu ; mais ces querelles s’apaisèrent facilement à la voix du missionnaire. Toutefois comme les Blancs envahissaient leur territoire de plus en plus, ils pensèrent qu’il valait mieux pour eux avoir une Réserve comme les autres Indiens. Ils demandèrent au gouverne-