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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/100

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LA CHASSE RÉCALCITRANTE

un possédé chassa Lucifer de son corps, un pied bot, marcha comme un jeune damoisel, un cagneux comme un page ; un cacochyme recouvra la santé ; des jambes torses se redressèrent, des bosses perdirent leur gibbosité, des malpeignés devinrent propres comme petits agneaux, des malbâtis devinrent des Antinoüs. Ce furent des miracles sans nom,… miraculeux. Et le peuple accourut voir la châsse bienfaisante. Et les fidèles arrivèrent de la ville, de la campagne, de la province, du pays entier. L'affluence fut énorme et les offrandes aussi. Les gens étaient si heureux de voir semblables choses qu'ils offraient, offraient, offraient…

Et tous ces dons furent partagés entre les pauvres qui allaient, misérables, couverts de penaillons, la fabrique de l'église et les religieux d'Afflighem à qui appartenait le prieuré de Wavre.

Chose plus extraordinaire encore : la paix se signa partout. Plus de guerres privées, plus de révoltes, ni de combats, ni de séditions, ni de luttes d'aucune espèce instiguées par le diable. Les gens se réconciliaient, les ennemis se donnaient évangéliquement le baiser de paix, concluaient des alliances, faisaient leur croix, mettaient leurs scel ou leur nom au bas des traités, le tout sans condition, sans exiger de composition, ni de satisfaction d'aucun genre.