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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/113

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LÉGENDES BRUXELLOISES

Béatrix sortit de chez elle en grande hâte et se dirigea vers l'église où elle avait coutume de faire ses dévotions.

Là, sur un autel, se dressait une statuette, honorée depuis longtemps : c'était la Vierge tenant l'enfant Jésus dans ses bras. On l'appelait Onze-Lieve-Vrouw-op-Stocxken ou Notre-Dame à la Branche.

Or, Béatrix s'approcha, s'agenouilla devant elle, se releva, la prit, la mit dans ses bras et s'enfuit.

Mais quelqu'un l'avait vue et reconnue : c'était le sacristain qui, tout ébahi de voir la personne la plus pieuse de la paroisse s'emparer d'une des richesses de l'église se mit à sa poursuite. Il allait l'atteindre quand, tout à coup, Béatrix se retourne et élève la statue au ciel en implorant un secours surhumain.

O merveille ! le sacristain s'arrête ; nul effort ne peut lui faire lever les pieds, remuer les jambes, bouger le corps : il est frappé d'immobilité.

Béatrix reprend sa course, saute dans une barque et arrive « sur ce léger esquif » jusqu'à Bruxelles.

Car tels étaient les ordres que la Vierge lui avait donnés pendant son sommeil, disait-elle.

Les autorités de notre ville devaient être prévenues de son arrivée, puisqu'elle fut reçue le dimanche avant la Pentecôte par le duc Jean III, alors régnant, son fils Henri, le magistrat, les