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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/147

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LÉGENDES BRUXELLOISES

dieu qu’elles personnifiaient d’injures et d’outrages et les tournèrent en dérision.

Par une coïncidence singulière, quelque temps après Jonathas fut trouvé poignardé dans son jardin. Qui était l’auteur du crime ? On l’ignore. Peut-être était-ce Jean de Louvain lui-même qui, craignant de se voir trahi, avait cru bon de faire disparaître Jonathas.

Quoi qu’il en soit, effrayée de ce malheur dans lequel elle croyait voir un châtiment du ciel, sa veuve n’osa garder plus longtemps chez elle les hosties. Elle les porta à Bruxelles et les remit aux mains des Juifs de la capitale.

Ceux-ci, comme dans toutes les villes où l’on tolérait leur présence, habitaient un quartier à part qu’on appelait les Escaliers des Juifs parce que les ruelles qui composaient ce refuge étaient, et sont encore pour la plupart, des escaliers. C’étaient la rue des Trois-Têtes, la rue Terarken, une partie de la rue des Sols et de la rue des Douze-Apôtres, et toutes les ruelles en escaliers qui se voyaient en cet endroit : rue Villa-Hermosa, rue Notre-Dame, etc. Leur synagogue se trouvait au coin de la rue des Sols et de la rue des Douze-Apôtres.

C’est là qu’ils se réunirent le 12 avril 1370, jour de Pâques. Assemblés autour d’une table sur laquelle ils avaient jeté les hosties, ils couvrirent celles-ci