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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/148

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LES HOSTIES SANGLANTES

d’injures et de sarcasmes, entremêlant leurs propos d’imprécations contre le Dieu des chrétiens. Puis, ne se possédant plus de fureur, quelques-uns tirèrent leur poignard et en frappèrent les hosties.

Mais, chose étrange, des gouttes de sang jaillirent de celles-ci comme si c’eût été réellement un corps humain qu’ils avaient frappé. Saisis d’épouvante, les Juifs se dispersèrent.

Redoutant les suites de cette affaire, les uns, dit-on, se convertirent au christianisme ; les autres s’enfuirent de Bruxelles ; d’autres enfin, plus calmes, songèrent à faire disparaître les traces de leur action.

Ils résolurent d’envoyer les hosties dans une autre ville et chargèrent une femme nommée Catherine, Juive de naissance, mais récemment baptisée comme Jean de Louvain, de les porter à leurs frères de Cologne, moyennant une récompense de vingt moutons d’or.

Mais, soit qu’elle fût effrayée par le récit du miracle, soit qu’elle eût peur de prêter la main au sacrilège, au lieu d’accomplir la mission qui lui avait été confiée et qu’elle avait acceptée, cette femme alla tout dévoiler à son confesseur, Pierre Van den Heede, curé de la Chapelle, et lui remit les hosties ; en même temps, elle lui raconta ce qu’elle savait.