Aller au contenu

Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
LÉGENDES BRUXELLOISES

Pierre Van den Heede fit part de ces faits à Jean de Woluwe, recteur de Saint-Nicolas, à Michel de Backer, vice-pléban de Sainte-Gudule, et à Jean d’Yssche ou d’Isscha, chanoine et écolâtre de la même église. Ils se réunirent, interrogèrent Catherine qu’ils enfermèrent à Sainte-Gudule dans la chapelle de Saint-Jean, aujourd’hui baptistère, et firent rapport au duc Wenceslas, alors régnant, sur ce qui s’était passé.

Wenceslas réunit son conseil auquel il adjoignit de graves théologiens. On commença par arrêter tous les Juifs qu’on put trouver, les rendant tous solidaires de l’attentat ès religion commis par quelques-uns des leurs. Ils furent enfermés à la Steenpoort et leur procès fut mené vivement. On entendit des témoins, entre autres un jeune homme demeurant dans la rue appelée depuis Kerstenmannekenstraetje (ruelle de l’Homme-Chrétien) et qui avait eu des révélations[1]. Puis, on interrogea les coupables ; on les tortura suivant la coutume du temps ; enfin on condamna à mort les sacrilèges. Ils étaient trois, disent les uns, sept, disent les autres, et nièrent jusqu’au bout toute participation au crime.

  1. D’autres disent que cette ruelle reçut ce nom parce qu’elle était habitée par un jeune tisserand fort pieux « à qui le Seigneur, d’après une tradition mystique, manifesta en 1435 le désir de voir reprendre les processions du Très Saint Sacrement de Miracle, interrompues depuis longtemps ».