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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/152

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LES HOSTIES SANGLANTES

des manuscrits et il y aurait une belle page d’érudition à écrire à ce sujet. Dieu me garde de pareilles démonstrations !

Et pourtant, que de jolies choses je vous dirais ! Je déterrerais, par exemple, un document du XIVe siècle qui est un feuillet du registre des « comptes du receveur général du duc de Brabant, Godefroid de la Tour, pour l’année 1370 » ; puis, une charte de Robert, évêque de Cambrai, revêtue de son sceau, adressée au doyen de Sainte-Gudule et renfermant deux choses : une requête, rappelée par l’évêque, du doyen et du chapitre de la collégiale, datée de 1370, et le jugement de l’évêque[1]. Par la première de ces pièces, vous verriez que les Juifs ont été brûlés « pour s’être procuré avec mauvaise foi et furtivement des hosties » ; la seconde vous montrerait que les hosties ont été enlevées et « remises entre les mains de quelques Juifs, afin qu’ils les insultassent, les maltraitassent et les couvrissent d’injures ». Vous ne trouveriez nulle part des traces de sang.

Ensuite, je vous citerais un tas d’historiens du

  1. Il y avait eu contestation entre l’église de Sainte-Gudule et la Chapelle, le curé de cette dernière, chez qui les hosties avaient été portées comme nous l’avons vu, refusant de s’en dessaisir. Il avait cependant été convenu après que neuf d’entre elles seraient données à Sainte-Gudule, les autres demeurant à la Chapelle. Mais les chanoines de la collégiale, mécontents, s’adressèrent à l’évêque de Cambrai ; d’où le jugement dont nous parlons.