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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/153

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LÉGENDES BRUXELLOISES

temps qui ne disent mot du miracle. Enfin, j’ajouterais qu’en 1581, lorsqu’on interdit à Bruxelles le culte catholique, les magistrats de la ville lancèrent une proclamation, rédigée en français et en flamand, dans laquelle ils disaient : « …que ce qu’on a jusques maintenant appelé le Saint Sacrement de Miracle a été trouvé, par les propres lettres et preuves qu’on a, n’avoir jamais saigné, ni été blessé. »

Voilà ce que je vous dirais.

Mais je ne suis pas un historien austère et grave ; je suis un humble chroniqueur, à qui il n’est pas permis de se perdre dans le fatras de l’érudition.

Cependant, si vous me demandiez sur quoi l’on s’est fondé pour prouver le miracle, je vous dirais que c’est précisément sur les pièces que je vous ai citées tantôt et qui semblent démontrer qu’il n’a pas eu lieu, puisqu’elles ne parlent ni de sang versé, ni de blessures faites.

Quant à cette étrangeté de voir les mêmes manuscrits servir de preuve pour ou contre, elle s’explique par ce fait qu’ils ont toujours été mal lus. Ainsi, moi qui les ai eus sous les yeux, je puis vous assurer que j’ai vu, dans celui de Godefroid de la Tour, que les Juifs ont été brûlés « pour s’être procuré avec mauvaise foi et furtivement des hos-