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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/155

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LÉGENDES BRUXELLOISES

Écoutez ce que dit un auteur de la condition des Juifs au moyen âge :

« Rien ne leur appartenait, — ni leur personne : ils devaient porter un signe distinctif comme les infâmes ; s’ils émigraient, leurs propriétaires s’étaient entendus pour les appréhender au corps dans les pays voisins ; au besoin, on rassemblait le troupeau et chacun venait reconnaître ses têtes de bétail ; — ni leurs enfants : on les leur volait pour les baptiser ; — ni leur femme : dès qu’elle voulait abjurer, le divorce était de droit ; — ni leurs biens : ils étaient taxés à l’entrée, à la sortie et pour le séjour ; au moindre prétexte, on annulait créances et la banqueroute des Juifs contre les chrétiens était entrée dans les coutumes, dans le droit ; leurs presque ni leur honneur : on les humiliait par piété ; quand venait la semaine sainte, il entrait dans les cérémonies du culte de les lapider ; à Toulouse, on avait transigé : ils pouvaient se faire représenter par un de leurs notables qui, le vendredi saint, sur le perron de la cathédrale, était souffleté publiquement, à la gloire du Christ ; il n’est pas de crime, enfin, dont on ne les accusât ; ni leur vie : toute violence contre eux semblait légitime ; à tout propos, la justice les brûlait, le peuple les massacrait, les rois faisaient abattre ce bétail pour en prendre la chair et la peau. »