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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/156

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LES HOSTIES SANGLANTES

Voilà la vie que l’on faisait à ces malheureux : ils étaient excommuniés par la société et il y avait de temps à autre des massacres généraux de cette caste.

Au XIIIe et au XIVe siècle, ces massacres ne se comptent pas : on tue les Juifs par centaines, par milliers, en 1230 dans la Bretagne, l’Anjou et le Poitou ; en 1287, en Allemagne ; en 1290, en Alsace, en Bohême et en Moravie ; en 1320, en Guyenne, en Languedoc, en Aragon, en Navarre et dans le Dauphiné.

En 1348, la peste noire ravage l’Europe. « Les Juifs empoisonnent les eaux, » dit le peuple. Et aussitôt une tuerie générale a lieu : en France, en Autriche, en Suisse, en Belgique, on les traque, on met à mort tous ceux qu’on trouve ; des milliers de victimes perdent la vie.

L’année suivante apparaissent les Flagellants, secte d’illuminés qui parcourent les rues des villes en se fouettant nus et en tuant les Juifs pour conjurer la peste qui dure toujours. A Bruxelles même, la protection du prince ne peut les sauver du trépas.

C’était le peuple qui les massacrait, le pauvre peuple qui vivait dans la misère morale et matérielle, victime de préjugés absurdes qui l’étrei-