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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/157

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LÉGENDES BRUXELLOISES

gnaient le dominaient et le conduisaient à des actions indignes que tout homme de cœur réprouve. Et chaque fois qu’un Juif était condamné, ses biens étaient confisqués ; ceux des Israélites brûlés en 1370 rapportèrent à Wenceslas vingt-quatre mille francs, sans compter la part faite au clergé. Que de choses ce détail pourrait expliquer !

Voilà ce que l’histoire nous apprend de ces faits.

Voyons ce qu’en pense la science.

En 1820, le monde fut mis en émoi par une découverte étrange : on avait trouvé à Pavie des hosties sanglantes ! Sanglantes n’est pas le mot : les hosties ne saignaient point, mais elles étaient ponctuées de rouge.

Or, une de ces hosties fut envoyée à Ehrenberg, savant allemand, qui la soumit à une analyse complète. Il finit par découvrir que c’était une hostie ordinaire et que les taches rouges qui la marbraient étaient dues à la présence d’un organisme infime — un de ces infiniment petits, à peine visibles au microscope, dont le rôle est cependant si grand dans la nature — qu’on a appelé le micrococcus prodigiosus. Un drôle de nom, n’est-ce pas ? C’était lui qui donnait à l’hostie cette teinte rouge, lui qui faisait croire au peuple que l’hostie saignait. Qui s’en serait jamais douté ?