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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/177

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LÉGENDES BRUXELLOISES

Du reste, quel est l’homme qui irait de son plein gré faire abandon de cet ornement dont nos ancêtres étaient si jaloux ? N’est-ce pas assez d’en être privé quand la vieillesse arrive !

Voici ce qui advint.

Philippe le Bon prit le parti le plus sûr. Inviter les nobles à se faire… tondre, c’était courir à un échec certain. Leur vanter les avantages que l’on a à posséder une tête vierge de tout poil ; leur dire combien il est agréable, en été, par les jours de chaleur accablante, sentir sur sa tête dénudée la brise se jouer, si faible qu’elle soit ; c’eût été parler à des sourds.

Il fit « un edict que tous les nobles hommes se feroient raires leurs têtes comme luy ».

La mesure porta immédiatement ses fruits. En un seul jour, cinq cents gentilshommes se firent raser les cheveux.

Quant aux récalcitrants qui se présentaient au palais sans être… en état de grâce, ils étaient traînés de gré ou de force près du sire de Hagenbach, maître d’hôtel et conseiller, qui avait été chargé « de mettre l’ordonnance à exécution ».

Voilà comment Philippe le Bon échappa, d’après lui, aux quolibets de sa cour. Son édit ne le rend-il pas, aux yeux de la postérité, plus ridicule qu’il n’aurait voulu l’être ?