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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/176

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LA CALVITIE

leurs lèvres, à la vue de leur maître dépouillé de son auguste chevelure.

Il fallait prendre des mesures, et même se hâter, car un souverain se doit à ses sujets et ne peut éternellement se cacher à leurs yeux.

L’histoire ne dit pas combien de jours durèrent les réflexions de notre illustre duc. Mais il est certain qu’il dut renouveler à sa manière le souhait de Caligula ; car si celui-ci désirait que le peuple romain n’eût qu’une seule tête pour pouvoir l’abattre d’un coup, il n’est pas moins certain que Philippe le Bon (pourquoi pas Philippe le Chauve ?) eût voulu que ses peuples n’en eussent qu’une aussi pour pouvoir… la faire raser.

Ah ! si, comme de nos jours, les perruques eussent existé ! Un habile arrangeur de cheveux coupés, passant quelques-unes de ses « doctes veilles » à confectionner une coiffure dans le goût du temps, eût vite donné au noble chef du très auguste souverain un aspect moins… éclatant.

Mais cette mode n’existait pas encore et le malheur voulut qu’aucun des courtisans n’eut la géniale idée de la créer.

On raconte cependant que ces derniers, poussés par l’esprit de flatterie, allèrent « jusqu’à faire le sacrifice de leur chevelure ». O dévouement !

Le fait est inexact.