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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/187

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LÉGENDES BRUXELLOISES

sanglantes tragédies qui s’y jouèrent plus tard. En 1558 donc, l’échafaud se dressait sur le Grand Marché, noir de monde. On allait procéder à l’exécution d’un condamné. Celui-ci étant bourgeois de Bruxelles, la cloche de Saint-Nicolas sonnait le glas funèbre. C’était un garçon brasseur qui s’était rendu coupable d’un meurtre horrible.

Lequel ? Je l’ignore. Ah ! les faiseurs de contes vous imagineraient ici une sombre histoire : ils vous le montreraient, ce brasseur, attendant sa victime le soir, au coin d’une ruelle déserte des remparts, pour la tuer et la voler ensuite. Ils vous diraient des choses qui vous empêcheraient de dormir cette nuit et tel n’est pas mon but.

Du reste, ils n’en savent pas plus que moi.

C’était un criminel qui allait être exécuté. Que cela vous suffise…

Il arriva. Tous les regards se portaient vers lui. On le plaignait presque, car, jeune encore, il n’avait pas les dehors d’un malfaiteur. Son visage était calme, empreint d’une grande douceur et bien des gens se disaient :

— Il n’est pas possible que cet homme ait tué !

D’autres ajoutaient :

— Ou bien s’il a tué, il l’a fait sous l’empire de la colère et il doit regretter vivement sa mauvaise action.