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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/188

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UN MARIAGE SUR L’ÉCHAFAUD

Et tous concluaient en répétant :

— Quel dommage !

Le condamné monta sur l’échafaud, se confessa au prêtre qui l’accompagnait, s’agenouilla et attendit le coup fatal.

En ce moment, des cris s’élevèrent d’un coin de la place. Une jeune femme, pleurant et gémissant, se précipita à genoux devant les fenêtres de l’hôtel de ville, occupées par les échevins qui assistaient à l’exécution.

Elle était là, levant les mains, implorant les magistrats qui ne comprenaient rien à la chose. Puis soudain elle se précipita dans la maison commune et l’on vit ces derniers se retourner brusquement pour regarder la jeune fille qui était apparue à leurs côtés.

Dire combien la chose avait causé d’émotion sur le Marché est impossible. Le bourreau avait détourné la tête et restait là, le regard fixé sur l’hôtel de ville, appuyé des deux mains sur son glaive. Le condamné lui-même examinait la scène et l’on eût pu voir ses yeux étinceler. D’espoir ? Peut-être. Avait-il reconnu la jeune fille ? Savait-il qu’elle était là, plaidant sa cause, demandant sa grâce si chaudement que les magistrats sentaient leur cœur s’amollir et le mot : « Grâce ! » monter à leurs lèvres ?