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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/203

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LÉGENDES BRUXELLOISES

— Tiens, reprit soudain le premier chaudronnier, voilà qu’on abat deux potences.

— En effet, dirent les autres.

À ce moment, deux archers se présentèrent à la porte en demandant Jean Spelleken, « au nom du très illustre seigneur le duc d’Albe ».

L’homme noir pâlit. Puis, se levant, il se dirigea vers la porte.

— Jean Spelleken ! s’écrièrent les chaudronniers.

C’était lui. C’était ce bourreau qui, se rendant à Vilvorde, avait caché son identité aux chaudronniers et espérait les faire pendre à cause des propos qu’ils avaient tenus.

Cependant la scène avait changé. Depuis longtemps, le peuple murmurait contre la véritable tyrannie qu’exerçait Jean Grouwels. Le duc d’Albe, de son côté, comprenant qu’il était nécessaire de faire des concessions à l’opinion publique, était décidé à se passer de l’aide de son séide. Se trouvant à Vilvorde, il avait appris le sort que Spelleken, de sa propre autorité, réservait aux trois chaudronniers dont tout le monde répondait dans les environs et qui, du reste, ignoraient toujours ce qui se passait. Le duc résolut d’en finir immédiatement et donna ordre de pendre… Spelleken.

Ce fut un singulier coup de théâtre.

L’homme à la verge rouge fut jugé, condamné et