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L'HOMME À LA VERGE ROUGE

Ils entrèrent, suivi de l’homme noir, dans un cabaret situé sur la place vis-à-vis de la prison.

Et tandis qu’on apprêtait le repas et que nos hommes rangeaient leurs marchandises, l’inconnu disparut.

Il rentra bientôt, sans qu’on se fût aperçu de son absence, mangea et but comme les autres.

Un quart d’heure s’était à peine écoulé, que l’un des chaudronniers — leur table se trouvait mise près de la fenêtre, — s'écria :

— Oh ! oh ! qui va-t-on pendre ici ?

Et il désigna du doigt, à ses compagnons, trois potences qu’on érigeait sur la place.

— Assurément, ce n’est pas nous, puisque nous sommes quatre ! dit l’homme noir en éclatant de rire.

— Pas un jour ne se passe sans qu’un pareil spectacle nous soit offert, reprit le second chaudronnier.

— On s’en passerait volontiers pourtant, répliqua le troisième.

— C’est ce maudit Spelleken sans doute qui, se trouvant à Vilvorde, aura voulu y laisser une nouvelle trace de son passage.

— En tout cas, nous sommes admirablement bien placés pour voir l’exécution.

— Oui, nous ne pourrions avoir une meilleure place, dit encore l’homme noir, avec une singulière intonation.