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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/211

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LÉGENDES BRUXELLOISES

terreur par suite des mesures prises par le duc d’Albe, les habitants se plaignaient de désordres singuliers qui se commettaient la nuit et que la police espagnole, tout occupée à rechercher ceux qu’elle appelait des rebelles, ne réprimait aucunement. On mettait à contribution la simplicité et la bonté des gens, on les effrayait, on plongeait un tas de braves femmes dans la stupéfaction la plus profonde et cela par des tours plaisants qui ne faisaient rire que ceux qui les accomplissaient.

C’est ainsi qu’un soir, un prêtre de la rue Haute, vivement sollicité, était allé, à minuit, porter les dernières consolations de la religion à un juge du chemin de Schaerbeek, qu’on lui avait assuré être à l’agonie. Le juge, troublé d’être réveillé à cette heure, vint lui ouvrir en personne.

Une pauvre femme de la rue d’Anderlecht s’évanouissait de terreur en voyant subitement arriver par la cheminée un être furibond qui semblait être un chat et qui se précipitait dans la chambre couvert de suie et miaulant comme dix de ses congénères.

De pieuses fidèles, agenouillées et priant avec ferveur, s’étaient, en pleine église, relevées liées ensemble par de longues épingles attachées à leurs robes.

D’austères magistrats n’avaient pu pénétrer chez