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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/220

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LA RUE DU SAINT-ESPRIT

Dans les forêts, dans les villes, dans les cimetières, des apparitions avaient lieu : feux follets qu’on prenait pour des âmes en peine ; rêves de cerveaux malades ou de criminels pris pour des réalités ; faits naturels transformés en mystères ; choses drôles travesties en miracles.

Et les fantômes sortaient de terre, les flammes mystérieuses dansaient à la surface des marais ; les squelettes désarticulés se heurtaient en de macabres danses ; les sorcières, dans de lumineuses clairières, autour de chaudrons de bronze posés sur des foyers aux flammes vertes, préparaient des mixtures étranges ou s’apprêtaient à partir pour le sabbat maudit, à cheval sur un manche à balai.


On dit :


Il était une fois un comédien.

Ce comédien avait un grand-père.

Le grand-père mourut en instituant le petit-fils son légataire universel.

Le comédien n’avait jamais vu son aïeul : chose assez rare, mais qui se présente dans la vie.

Il crut faire une bonne aubaine, versa un pleur sur le sort du malheureux vieillard que la mort, de sa faux cruelle, avait si vite arraché à l’existence et s’empressa de prendre possession de son héritage.