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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/223

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LÉGENDES BRUXELLOISES

les pieds ; coiffé d’un bonnet de laine, il tenait à la main une petite lampe qui projetait de faibles rayons sur les choses.

Le vieillard s’approcha lentement du lit où reposait notre comédien. Celui-ci se rejeta en arrière en reconnaissant son grand-père. (J’ai oublié de vous dire que parmi les objets qu’il avait trouvés dans la maison de son aïeul, le comédien avait remarqué un portrait, qu’on lui avait dit être celui du vieillard. Ne sachant pas revêtir le portrait comme il l'avait fait de la culotte, notre homme l’avait vendu avec le reste. C’était fort peu respectueux, je l’avoue, mais il est de mon devoir de dire les choses telles qu’elles sont, et je les dis.) Donc, le comédien se rejeta en arrière en reconnaissant son grand-père. Mais celui-ci, ou plutôt son esprit, son fantôme, ne fit pas mine de le voir, prit la culotte, la tourna, la retourna dans tous les sens, la posa sur la chaise, la reprit, la reposa enfin en poussant un profond soupir.

Puis, sans dire un seul mot, il disparut dans la muraille.

Le comédien ne respirait plus.

Et alors il se rendit compte de la mauvaise action qu’il avait commise.

Quoi ! pour obtenir un fragile succès de théâtre, pour ravir aux auditeurs des applaudissements qui