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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/227

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LÉGENDES BRUXELLOISES

Il avait beau vouloir cacher la tête sous la couverture : la culotte s’y opposait et continuait de lui appliquer force gifles ; elle l’en criblait et le malheureux, sans défense contre un pareil adversaire, ne tentait même plus de parer les coups. Et la culotte frappait, comme si elle aussi avait voulu se venger de l’affront qui lui avait été fait. Quoi ! elle si tranquille, si attachée à son maître, un misérable comédien l’avait d’un jour à l’autre transportée dans ce monde condamné des gens de théâtre ; pis que cela, elle avait paru sur les planches ! Elle en pâlissait de honte, ne sachant pas rougir. Et elle frappait, frappait sans relâche, frappait à tour de… jambes ! Enfin, le malheureux comédien, n’en pouvant plus, se précipita hors du lit et, en chemise, s’élança dans la rue.

La culotte ne l’y suivit pas.

Il s’enfuit chez un de ses camarades qui demeurait non loin de là. Celui-ci, trouvant la chose fort grave, réfléchit et à la suite d’une longue méditation, conseilla à son ami, encore tout meurtri et tout épouvanté, d’aller quérir un prêtre.

Il prêta des vêtements au malheureux et, à deux, ils allèrent réveiller le curé de la Chapelle.

C’était un digne homme, se connaissant fort bien en histoires d’exorcismes.