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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/32

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MANNEKEN-PIS

En 1747, Louis XV étant roi de France, les Bruxellois supportaient avec peine la domination française leurs et souffraient de voir leurs usages et leurs libertés peu respectés par les étrangers. Un jour, quelques-uns de ces derniers enlevèrent Manneken-Pis ; mais, trouvant que le pauvre petit homme les embarrassait, ils l’abandonnèrent à la porte d’un cabaret, au coin de la Petite-Île. On l’y retrouva et on le reporta sur son piédestal.

Bientôt après, il fut insulté par des grenadiers français. C’en était trop. Le peuple ne put supporter avec sang-froid que par deux fois on portât atteinte au respect dû à son protégé. Il se révolta et peu s’en fallut que le sang ne coulât. Louis XV fit châtier sévèrement les auteurs du méfait et, afin de détruire dans l’esprit des habitants la mauvaise impression produite par l’acte de ses militaires, il donna à notre héros un riche costume, un chapeau à plumet et une épée ; il lui conféra, en outre, la noblesse personnelle et le créa chevalier de l’ordre célèbre de Saint-Louis, ce qui imposa aux troupes l’obligation de lui faire le salut militaire.

Enfin, il fut enlevé une dernière fois, dans la nuit du 4 au 5 octobre 1817, par un forçat libéré, nommé Lycas. Mais il fut retrouvé peu de temps après et le voleur figura au carcan le 26 novembre.