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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/78

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UN SERMENT BIEN TENU

nait avec courage, comme on se mortifiait avec délices. Il admirait les pénitences et les macérations, les austérités et les silences, les fustigations et les lectures, les flagellations et les recueillements, les oublis de soi-même et les cultes divers voués aux saints et aux saintes.

Et quand il eut tout vu, il s'écria :

— Ailleurs, j'ai trouvé des hommes ; ici, je vois des anges.

Et le démon de la vanité fit rougir les moines.

Puis ils conduisirent saint Bernard devant la statue de la Vierge qu'ils possédaient.

C'était une belle Vierge en « pierre de taille » comme on n'en voyait pas beaucoup. Elle était bien sculptée, vivante ; on la parait, on l'atournait, on la choyait, on la vénérait, car elle était miraculeuse!…

Et les moines se pâmaient à sa vue ; ils l'adoraient, ils avaient pour elle une affection solide de religieux, ils l'aimaient que cela fendait le cœur. On l'eût révérée sans la voir, rien qu'en les voyant, eux. C'était une Vierge modèle. Jamais on n'en avait vu de semblable ; jamais plus on n'en verra.

Quand saint Bernard l'aperçut, il se sentit profondément remué. Il se croisa les bras sur la poitrine et lui fit une saluade profonde, respectueuse, en lui disant :

Ave, Maria. (Je vous salue, Marie.)