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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/86

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VROUWKENS AVOND

de marche arriver sous les murs de Jérusalem qu'ils prendraient presque sans résistance, en écrasant jusqu'au dernier des infidèles.

Et voilà que cette ville, que l'on disait bien loin pourtant, était plus éloignée encore qu'ils ne le pensaient ; voilà que pendant des mois et des mois ils avaient marché, luttant à tout instant contre des ennemis dont ils ne soupçonnaient même pas l'existence, contraints de défendre chaque jour leur vie ; ne mangeant pas toujours à leur faim, souffrant du froid ici, du chaud ailleurs ; traversant des contrées humides qui leur donnaient la fièvre et des déserts brûlants qui leur desséchaient la poitrine ; forcés de prendre des villes, de livrer bataille à des peuples aguerris, furieux à leur tour de voir cette multitude se jeter sur leur patrie qu'ils défendaient vaillamment ; ne pouvant jamais donner de leurs nouvelles à leurs parents restés au foyer et qui se disaient tout bas :

— Ah ! quand reviendront-ils ?

*
* *

Cependant les ans avaient marché et Jérusalem était apparue à leurs yeux. Hélas, à peine le dixième de ces guerriers restaient-ils debout. Les autres ? Morts dans les plaines et déserts, tués par