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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/98

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LA CHASSE RÉCALCITRANTE

seigneurs turbulents et mauvais s'en donnaient à cœur joie. Ce n'étaient qu'incendies, vols, rapines, violences, massacres, tueries, brigandages. Ces semeurs d'épouvante, ces malandrins de haut-étage, ces tueurs de femmes et de pauvres gens, ces épouvantails de serfs, ces maudits porteurs de cuirasses et de cottes d'acier faisaient trembler les petits, les humbles, les souffreteux, les marmiteux et autres vermines humaines. Hélas ! combien est triste à contempler cette époque décevante et sombre.

Et vous saurez qu'en ce temps la châsse de Wavre, contenant d'authentiques et véritables reliques de noble dame la sainte et benoîte vierge Marie, fut transportée en notre ville et déposée en grand respect, comme il convient, dans l'église de Saint-Nicolas, parce qu'on voulait la recouvrir d'or et d'argent.

Car c'étaient de nobles reliques que celles de la mère de Christus ; de vraies reliques qui venaient de loin, bien loin et pieusement conservées en des mains pures pendant des siècles et des siècles ; des reliques comme on n'en avait presque nulle part et devant lesquelles on courbait la tête en un anéantissement divin de tout l'être…

Et l'on voulait que la châsse qui les contenait fût belle, admirable, enviable ; qu'elle fût miroitante, étincelante, pleine d'or, pleine d'argent, avec mou-