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Page:Victor Devogel - Légendes bruxelloises, 1903.pdf/97

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LÉGENDES BRUXELLOISES

maîtres et valets se coudoyaient, les grands se faisant humbles, sous l'influence d'une autorité inconnue et d'autant plus forte, les petits se relevant, une sorte d'auréole au front, les yeux rayonnant d'espoir, le visage resplendissant de joie divine, illuminés d'espérance et d'amour. L'humanité semblait devenir humaine !…

Car on disait que Dieu s'était révélé aux hommes, avait manifesté sa puissance, témoigné de sa force par un fait étrange, hors nature, mystérieux, singulier, incompréhensible, surtout en ces temps d'ignorance absolue. Et alors, pour quelque temps, saisis de crainte, parfois d'épouvante, devant cette autorité souveraine montrant sa grandeur et sa force, les nobles devenaient meilleurs, les vilains reprenaient courage.

Mais bientôt le souvenir du miracle, s'affaiblissant graduellement, disparaissait et tout rentrait dans le… désordre accoutumé…

Ainsi se passèrent les choses en notre bonne ville de Bruxelles, l'an de Notre-Seigneur MCLII.

Il est écrit et nos pères — oh ! les pauvres — se contaient autrefois :

Or, c'était au temps où régnait ici le duc Godefroid III. Mais le duc était bien jeune et les